Top Hat au MET - L'elisir d'amore

Par quoi commencer ?
Les choses sont un peu compliquées compte tenu du fait que l'on ait assisté à la fois à des soirées en salle et à une projection de l'opening night sur écran géant. Ce qui change un peu les perceptions, que ce soit sur la mise en scène ou les chanteurs.

Après avoir lu pas mal de critiques de la représentation dans la presse US et internationale, il semble aussi que PERSONNE n'ait compris pourquoi Adina était affublée d'un haut de forme (alors que j'ai une vague idée du pourquoi - oui je suis prétentieuse, mais en même temps, après avoir lu le programme ça me semble simplissime). Et globalement la mise en scène a fait l'objet de pas mal de critiques. Pas seulement pour son côté kitsch (indéniable, mais à mon sens assez inévitable en plaçant l'élixir au 19è ?), mais aussi pour la violence qui s'en dégagerait... euh oui, c’est un brin relatif, mais il semblerait que les américains tiennent à leur vision walt disney des comédies et à leurs petites habitudes.

C'est amusant tout de même comme on peut ressentir ou comprendre les choses différemment selon que l'on a un cerveau en état de marche ou pas (oui, je vais me la raconter un peu) et que l'on a lu les brèves explications du metteur en scène dans le programme.

Alors pour une fois, je vais commencer par ma perception musicale de cet élixir avant de développer ce que j'ai pensé de la mise en scène.

Bref, tout commence dès notre arrivée à la grosse pomme (j'étais comme une ravie de la crèche dès le taxi - taxi indien plus caricatural pour un premier jour à NY et tellement drôle en même temps !).
Déjà tourneboulée par la vue des gratte-ciel même de l'autoroute !

Bon, après avoir déposé les bagages à l'hôtel, on fait une promenade vers le Lincoln Center (l'hôtel était à 10 min à pied de l'opéra - merci Giusto).
Premiers sourires : les affiches "Live Big" sur les bus ou les arrêts de bus avec la tronche de Netrebko et de Maestri... je me dis que c'est dégueulasse de parler de leurs problèmes de poids de façon aussi flagrante.

Plus loin on entend que ça balance du Donizetti... et en s'approchant du MET on tombe sur la diffusion sur écran géant de ce qui était en fait l'opening night.
Forcément, on s'arrête pour écouter un peu qqs secondes... et puis comme ça se laisse carrément écouter et regarder, on s'appuie à une barrière et on se met à écouter qqs minutes.
Au-delà des barrières il y avait des places assises. Elles étaient gratuites mais en fait il fallait être aller les retirer au MET 3j avant.
Et puis finalement un ouvreur voyant que l'on attendait debout nous propose avec gentillesse une place qui lui restait sur les bras.

Je ne peux m'empêcher d'avoir la larme à l'oeil en voyant ce lieu qui représente tant pour moi et que j'ai vu en vidéo si souvent et qui m'a fait rêver de loin, dont je rêve encore. Oui, je suis émue. Je vois le lustre dans le hall derrière l'écran et mon coeur bat plus fort ! Je sais que j'y vais pour de bon bientôt. Warf !!!!! Je suis toute chose.

On récupère une seconde place à l'entracte d'un couple de petits vieux qui se barrait car il commençait à faire froid. Gentiment, plutôt que de les perdre, ils nous ont proposé les billets. Je me dis que les amerloques sont sympas.

Les chaises métalliques me font glisser et mon fessier dérape mais bon... lol.

Bref, la captation focalise sur les chanteurs et laisse la scène en arrière assez sombre, du coup on ne voit pas le côté kitsch des décors.
En revanche Polenzani fait vraiment point faible de la distribution. Vocalement il se fait bouffer par les autres et sa larme furtive est insupportable tant le micro dans la bouche fait ressortir le côté sons qui partent dans tous les sens possibles sans se focaliser.
Une ambulance qui sonne en même temps derrière nous le fait rebaptiser l'alarme furtive.
La polonaise sonne incroyablement et tout le monde est top.

Quelles coupes dans la partoche qui m'irritent mais bon !

Pour finir le cast vient dehors saluer la foule sur le balcon du MET après la représentation.
Pour une première soirée (pas totalement prévue en plus) c'est plutôt réussi.

Non mais je rêve oÙ il n'y a pas la suite ?

27 au soir, l'élixir du premier rang du Balcony (léger vertige, mais en fait je gère, si si...).
Bon, ça change un poil la donne.
Là encore ça vient conclure une super journée !!!! (liberty Island, Ellis Island, Top of the Rock, Times square et un Metropolitan (c'est la tradition maintenant ). J'en ai pris plein les yeux toute la journée et j'entends bien que ça continue avec les oreilles.

Bon, ce n'est rien de dire que l'acoustique du MET me fait d'autant plus détester la swimming-pool parisienne.

La direction de Benini n'est pas révolutionnaire (parfois c'est une bonne chose), pas exceptionnelle, parfois un peu lente, mais je reconnais mon Donizetti et ça me va tout à fait bien.

Giannetta a une voix de crécelle. Je crois que c'est à peu près tout ce qu'il y a à en dire.

Pour le coup Polenzani passe beaucoup beaucoup mieux en live. Ce n'est clairement pas si mal. En tout cas très acceptable.
Ce n'est pas le plus beau timbre du monde ou la voix la plus intéressante et il a tendance à bourrer d'effets et d'abuser du piano pour sa larme furtive (on entend carrément la clim pendant la cadence du coup ! SU-PER !!!! Les américains... ). Mais ce n'est pas si mal et il est loin de me gâcher la soirée au contraire.
Scéniquement, il se tient plutôt pas mal.
Et puis vu ce qu'il subira à la sortie des artistes, on a de la sympathie pour lui.
MAAAATTIIIOOOUUUUU

C'est la polonaise qui fait un peu office de maillon faible en live. Le volume et le timbre sont flattés par la captation. En live il a tendance à forcer et à se faire bouffer dans les ensembles ou venti scudi. (le come de Come paride vezzoso bien craqué le 1er octobre... oups).
Mais il présente bien... Et en fait je chipote parce qu'il n'est pas si mal au final.
La voix reste virile et plaisante.

A l'entrée de Maestri, mini-choc : le son est relativement confidentiel, alors qu'il passait très bien à la projection. (Comment chante-t-il régulièrement du Verdi et notamment Falstaff ?). Mais un certain abattage malgré tout. Et puis oui, ça le fait malgré tout là encore. (Je me suis peut-être shootée aux endorphines pendant la journée).
Scéniquement euh, stadire qu'il se contente un peu de rester là où il est et de laisser les autres bouger autour de lui.

La russe bah je l'aime alors forcément...
Elle marque tout de même à mon sens certaines phrases dans les duos et les ensembles et ça m'énerve. Bon, je suis habituée à qqs légères variations qu'elle faisait dans la reprise du second duo avec Dulcamara et qui n'y sont pas - mais en fait personne ou presque ne les fait jamais donc bon et surtout vu la façon de repartir je pense que c'est une demande du chef).
Elle gesticule beaucoup (le second duo avec Nemorino est bourré d'allers-retours vers le fond de scène) et en fait ce que l'on pourrait considérer comme des caisses mais on (je) l'aime aussi pour ça car elle s'y amuse manifestement (genre grimaces ; derviche tourneur à danser dans ses 2 duos avec Dulcamara ; ou partir du mariage avec un pilon de poulet coincé entre les dents - Giannetta qui lui tape sur le poignet quand elle s'empiffre trop au début du banquet est assez impayable pour le coup ), mais en salle ça passe carrément alors qu'à la vidéo ça faisait peut-être un peu hyperactive.
Qqs petits sons pas parfaits parfaits et des respirations ou fins de phrases discutables (encore qu'elle ait à mon sens bossé dessus).
Après je trouve le le son top en lui-même et puis ses piani timbrés qui envahissent la salle sans effort ça me rend carrément dingue.
Si on rajoute que je trouve personnellement que ça fait du bien d'entendre d'abord une belle et riche pâte vocale en Adina qui en fasse un personnage de caractère plus qu'une "soubrette" peste qu'on aurait juste envie de baffer... et que pour une fois j'entends aussi des couleurs au pluriel d'une manière générale dans ce rôle. Bah merci Nenette !!!

Giustociel a écrit:Non mais je rêve oÙ il n'y a pas la suite ?

Non mais je rêve ! J'ai le temps ou bien ????

La follissima a écrit:

Giustociel a écrit:Non mais je rêve oÙ il n'y a pas la suite ?

Non mais je rêve ! J'ai le temps ou bien ????

Je te signale que la distribution n'apparaît pas clairement ! Mouahahaha !

Mise en scène spéciale. Je n'arrive pas à adhérer totalement ni à détester. Il y a des trucs que j'aime bien et d'autres qui m'énervent ou que je trouve dommage qu'elles n'aient pas totalement été exploitées.

Bon, décors et costumes kitschissimes. En même temps l'élixir au 19è S... et j'ai vu tellement pire que ça ne me choque plus.
On peut chipoter aussi sur les couleurs vives pour les couleurs des costumes des rôles principaux surtout en vidéo (ce rouge et blanc à la Carmen pour Adina notamment), mais au fond vu la taille de la scène du MET en live cela permet de les repérer tout de suite et de voir Adina "mobiliser ses troupes" et vérifier ce qui se passe à la ferme dès le début et donc de comprendre que c'est elle qui gère l'affaire.

Après sur le fond, il y a deux choses qui ont choqué les critiques dans cet élixir.
L'idée de Sher (le metteur en scène) d'utiliser les prémices du Risorgimento avec la "violence" que cela peut introduire dans une comédie et dans ce qui n'est considéré que comme une simple comédie pour certains.
Et une nouvelle approche des relations Adina-Nemorino.

En fait ni l'un ni l'autre ne m'a véritablement choquée...

Sher a des prétentions intellectuelles et veut voir ou trouver des trucs profonds là où on s'en passe habituellement et qu'il se veut le seul à voir.
Il avait fait le coup avec Hoffmann avec une pseudo-vision kafkaienne qu'il avait trouvée dans l'oeuvre selon ses dires et qui relevait du délire, d'autant qu'elle était mal faite en pratique dans sa mise en scène.
Là c'est peut-être un peu pareil. Il ne voit pas l'élixir que comme une comédie.
Et on peut effectivement s'interroger sur l'intérêt de faire entrer le Risorgimento (soit la révolte italienne et l'unification contre l'occupant autrichien) dans cette pièce selon la théorie du "what else ?".
Au fond est-ce vraiment utile à l'opéra ?
Est-ce vraiment utile de chercher 50 lectures secondaires à l'élixir et finalement très très secondaire quant à l'intrigue principale, même quand on le met en avant comme là ?

Mais en même temps pourquoi pas, d'autant que je ne trouve pas que cela défigure totalement l'intrigue et que cela peut aussi justifier certaines pages ou phrases.

Et donc ça y va.

On a un gentil village italien que viennent occuper des troupes autrichiennes (les blasons sur les sacs) moins sympathiques que l'on en a l'habitude dans l'élixir.
Nemorino s'en prend plein la tronche, Belcore est une brute...

En fait on (je) comprend les hauts de forme que personne n'a capté (ce qui me paraît hallucinant) : c'est à mon sens clairement le signe de reconnaissance des "premiers futurs révoltés ou résistants italiens".
En effet, en portent Adina et Dulcamara et ses "sbires".

Au départ Adina tient une ferme certes, mais elle arme aussi "ses" hommes et vérifie qu'ils sont bien équipés, checke les fusils etc.
Elle fait d'ailleurs vite planquer les fusils de ses hommes quand Belcore et sa troupe arrivent.

Elle doit dès le départ ménager Belcore qui fait figure d'envahisseur et pourrait très bien se saisir de la ferme, se montre même assez violent avec elle quand elle résiste à ses avances. Bon, elle lui mord les lèvres car elle est forte et ne compte pas s'en laisser compter, et lui fait comprendre qu'il pourrait se prendre un coup de cravache dans la tronche, mais elle le laisse tout de même s'installer dans la ferme car elle n'a pas vraiment le choix non plus.

Quand elle accepte de l'épouser c'est pour rendre jaloux Nemorino, mais aussi quelque part pour le protéger parce qu'il se fait tabasser par les soldats.

Mais du coup qu'elle garde son haut de forme au pré-mariage (très critiqué encore par la presse qui n'a pas compris pourquoi) trouve un sens je trouve : même si elle doit se plier provisoirement à la force autrichienne et à la proposition de mariage de Belcore, elle veut garder au fond son indépendance, en tant que femme et "italienne".
Merci du coup au fou-rire de Nenette le 1er octobre en n'arrivant pas à faire tenir son chapeau sur la tête, au point de se dénoncer à Giannetta.

Dulcamara (lui aussi en haut de forme): il se sert manifestement de son activité de charlatan ambulant comme couverture pour ravitailler et fournir en armes les fermiers et les villageois, qui récupèrent des fusils pendant qu'il distrait les soldats en vendant l'élixir.
D'où une phrase de son air bien appuyée aux soldats "Ah l'amour de la patrie peut faire de grandes choses...".
Cela explique aussi qu'il insiste fortement pour que Nemorino n'attire pas l'attention sur lui dans le village (au point de lui tirer l'oreille de façon menaçante, ce qui là encore n'a pas plu à la critique, qui l'a pris pour de la violence gratuite).

Il est vite complice avec Adina forcément. Ils se reconnaissent du mouvement.
Et alors que souvent la barcarolle tombe comme un cheveu sur la soupe, là elle prend un autre sens.
Il chante au mariage... l'histoire d'un sénateur qui demande à une gondolière de l'épouser.
Et il finit par la menacer, cette gondolière sous les traits d'Adina, avec un fusil et à l'obliger à s'asseoir devant lui quand elle se refuse puis il finit par pointer le fusil vers Belcore et on comprend vaguement qu'il dénonce ce que Belcore fait en pratique aussi.
La Barcarolle devient une représentation de ce qui se passe entre Adina et Belcore. Ce qui n'est pas inintéressant.
Belcore s'énerve d'ailleurs franchement et Adina doit les séparer et faire un genre de sermon à Dulcamara... ne pas les provoquer inutilement etc.

Evidemement l'engagement de Nemorino dans les troupes autrichiennes prend encore un autre sens dans ses conditions.

Et puis on comprend aussi quand Adina fait sa déclaration à Nemorino, pourquoi elle en profite pour lui sauter dessus et se faire surprendre avec lui par Belcore, qui selon les codes de l'époque, ne peut plus que renoncer. Les " ce qui est fait est fait" et "c'est mon époux" qu'elle lui assène sont à cet égard très clairs je trouve .
Elle le met devant le fait accompli et a trouvé le meilleur moyen d'échapper au mariage avec Belcore : faire en sorte qu'il ne puisse plus vouloir d'elle non plus au regard de ce qui est convenable pour la société de l'époque (ne pas se taper un autre mec avant le mariage).

Quand Belcore jure à la fin que Dulcamara lui paiera ça devient presque inquiétant, mais en même temps tout le monde se réconcilie sur scène et Nemorino et Adina poussent même Gianetta dans les bras de Belcore.
On se demande pourquoi... pour lui faire subir sa voix peut-être ? Trash comme déclaration de guerre...

Bref, malgré tout tout est bien qui finit bien.

Alors oui, on peut se demander si tout cela est bien nécessaire et si l'elixir ne doit pas rester qu'une gentille comédie...
Ca ne m'a pas gênée. Ca change et ça ne travestit pas tout non plus. ça s'intègre même dans certaines situations du livret.
Et puis ce n'est qu'une proposition parmi d'autres. Alors j'ai plutôt adhéré pour le coup.

Giustociel a écrit:

La follissima a écrit:

Giustociel a écrit:Non mais je rêve oÙ il n'y a pas la suite ?

Non mais je rêve ! J'ai le temps ou bien ????

Je te signale que la distribution n'apparaît pas clairement ! Mouahahaha !

Fasciste !!!

Mise en scène : Bartlett Sher
Decors : M. Yeargan
Costumes : le mega super freaks qui fait peur euh pardon, Catherine Zuber .

Baguette (et deux croissants) : M. Benini (non, pas celui de la vie est belle)
Nemorino : Matthew Polenzani aka Maaaatttttiiiiiooooouuuuuuu
Adina : Anna Netrebko aka Nenette
Belcore : Mariouche euh Mariusz Kwiecien aka La polonaise
Dulcamara : Ambrogio Maestri aka The body

ça c'est du CR, Merki mille fois !

Autre traumatisme de la critique :
Nemorino et Adina s'aimeraient dès le début et on ne verrait du coup pas la transformation subite d'Adina, ce qui retirerait le charme de l'opéra dans ce qu'il montre le "processus du tomber en amour".

Alors pour le coup j'ai au contraire ADORE cette façon de voir.

D'abord, j'ai toujours été persuadée qu'Adina avait dès le début un léger crush sur Nemorino mais qu'elle refusait de se l'avouer. Je trouve ça beaucoup plus intéressant que le concept d'une garce seulement capricieuse qui le voudrait uniquement parce qu'il ne la veut plus.

Alors la première image de l'ouverture c'est Nemorino qui marche et écrit sur un carnet un peu comme Werther, d'un air désespéré.
Oui, bof quoi, faut pas exagérer.
Bref, ce n'est pas un benêt. D'ailleurs quand Belcore lui dit de faire une croix sur son engagement dans venti scudi, l'autre lui fait un geste comme quoi il n'aime pas être pris pour un abruti...
Là encore ça a choqué car selon l'opinion générale Nemorino devrait être un parfait abruti.
Bah suis pas d'accord. Je conchie l'opinion générale.
Au-delà du facteur jalousie, c'est bien aussi de comprendre qu'Adina puisse en tomber amoureuse pour de vraies bonnes raisons. Et on ne tombe pas amoureuse d'un attardé quand on est une Adina.
Et la musique de Nemorino n'est pas celle d'un abruti d'ailleurs. Au contraire, c'est sensible. Et le début de réponse qu'il lui fait dans leur premier duo ne sort pas de la bouche d'un abruti non plus. C'est la réponse d'un personnage qui a une certaine finesse.

Ici, elle flirte d'ailleurs plus ou moins dès le départ et joue avec lui mais elle se refuse à aller plus loin sans doute aussi car il n'est pas clair-clair dans ses déclarations et elle a sans doute besoin de jouer aussi pour se rassurer. Mais quand il lui chante quanto e bella, elle est manifestement touchée.

Quand elle rouspète qu'il veut lui parler au début du premier duo, c'est à Giannetta et pas à lui... car elle veut se donner une contenance vis-à-vis des tiers, mais en fait elle veut l'écouter et surtout elle veut que ce soit lui qui fasse le premier pas dans la déclaration.
Elle lui vole ensuite son carnet après le premier duo et lui laisse le Tristan...
Dommage pour le coup que ça ne soit pas plus exploité et qu'on ne la voit pas le lire...

Leur second duo... ils s'affrontent mais finissent surtout par chahuter et sont sur le point de s'embrasser quand Belcore arrive (il faut dire qu'elle a compris tout de suite qu'il avait bu en voyant et sentant la bouteille de Bordeaux et n'est du coup pas très dupe de son comportement).
Là Nemorino redevient jaloux car il se rappelle qu'elle a été obligée de flirter avec Belcore et repousse Adina qui ne demandait pourtant qu'à succomber.
Du coup quand elle dit "A tempo vien Belcore"... c'est clairement de dépit car il gâche tout et non pas l'habituel "ah, Belcore arrive à temps pour me permettre de rendre Nemorino jaloux".

Et pendant le final du I, quand il lui dit d'attendre avant d'épouser Belcore, elle insiste bien sur ses "E perché no ?" Puis Perché perché ???
Parce qu'elle n'attend qu'une chose : qu'il lui dise clairement qu'il l'aime alors que cet abruti laisse de vagues explications.

Quand elle doit simuler le mariage avec Belcore, elle souffre de voir Nemorino souffrir aussi. (Nenette quelle bonne actrice, mais ça elle l'a toujours fait dans l'élixir d'être bouleversée par le Adina credimi).

Et lorsque Nemorino se barre avec la crécelle et les villageoises, si elle pleure et qu'on voit passer une larme furtive dans ses yeux, je trouve ça d'autant plus émouvant de se dire qu'elle croit avoir perdu un amour auquel elle tenait depuis longtemps mais qu'elle se refusait plutôt qu'une contrariété parce qu'elle est jalouse de voir le mec sur qui l'admirait partir avec d'autres.

Du coup c'est assez différent des relations Adina - Nemorino habituelles, mais j'ai trouvé que ça marchait carrément.
Voilàààààààà.

Mais ce que ça peut m'énerver les clichés Némorino-balourd / Adina-peste !!!!

J'ai oublié le public et les critiques du MET qui manifestement sont choqués parce que l'on ne fait pas de l'élixir qu'une grasse comédie (alors que c'est justement la beauté de la musique de Donizetti et la poésie de l'oeuvre de ne pas en faire qu'une... farce) et qui effectivement sont ravis de pouvoir rire à gorge déployée quand on dit que l'oncle de Nemorino est mort...

Morto lo zio...
Eclats de rire...

Effectivement ça explique pas mal de choses.

Giustociel a écrit:ça c'est du CR, Merki mille fois !

Ouais, c'est moins un CR qu'une "défense" de la mise en scène, que je ne trouve pas si honteuse que ça et une réaction d'énervement au regard de tout ce que j'ai lu dessus et qui me paraît clairement lié au fait que les gens n'ont pas fait attention à ce qui s'y passait ou n'ont tout simplement pas compris.
Bon, c'est vrai qu'en l'ayant vue 3 fois... j'ai forcément repéré des choses.

Mais il est tellement plus facile de s'extasier devant des chanteurs à moitié à poil avec des guenilles bariolées qui chantent en se lavant la tête devant un lavabo dans des chiottes publiques.

C'est plus confortable aussi de se contenter d'une mise en espace et de ne surtout rien changer aux petites habitudes et surtout de ne pas essayer de comprendre ce que l'on propose.

M'énerve...

"un Metropolitan (c'est la tradition maintenant drunken ). J'en ai pris plein les yeux" sic...
Tu le prends par les yeux ???

Babaorome a écrit:"un Metropolitan (c'est la tradition maintenant drunken ). J'en ai pris plein les yeux" sic...
Tu le prends par les yeux ???

Les effets retard de la boisson sans doute !

J'ai carrément envie de voir cette mise en scène !!! j'ai souvent regretté que Nemorino ait l'air d'une grosse nouille, je pense que j'adhèrerais assez à cette vision de l'histoire !!! J'espère juste que ça va passer en retransmission à un moment où on pourra y aller !!!!

Babaorome a écrit:J'ai carrément envie de voir cette mise en scène !!! j'ai souvent regretté que Nemorino ait l'air d'une grosse nouille, je pense que j'adhèrerais assez à cette vision de l'histoire !!! J'espère juste que ça va passer en retransmission à un moment où on pourra y aller !!!!

Ils ne vont pas en sortir un DVD ?

Je viens de lire les commentaires du programme (mieux vaut tard que jamais).
Le metteur en scène se la raconte vraiment !
Le parti pris qui est de penser qu'une histoire légère ne peut pas être prise comme telle ne me convainc pas du tout. La lecture politique de cette oeuvre me fait doucement rigoler, je ne vois pas franchement ce qui pourrait laisser croire ça. C'est vraiment de la masturbation intellectuelle . Maintenant, tout comme La Follissima, sur scène cela ne m'a pas dérangé, parce que ça ne heurte pas (trop) le livret.

En revanche, je n'ai pas du tout aimé la dégaine de Netrebko (même si elle la portait bien of course). Son costume rouge et blanc jure avec tous les autres tant au point de vue couleur que coupe. Le chapeau est ridicule et ne tient pas sur sa tête, à telle enseigne qu'elle a failli se payer un fou-rire quand elle l'a perdu, et cela juste avant un air...

Pour ce qui est de la relation Nemorino-Adina, c'est intéressant, à n'en pas douter. Mais le coup de montrer Nemorino arpentant la scène avec un traité de philosophie dans les mains (Kritik der reinige Vernunft, je suppose, mouahahaha....), c'est vraiment ridicule. D'ailleurs on voit mal comment il peut s'émerveiller dans ce cas de ce qu'Adina sache lire !

De toute manière, pour moi, le parti pris de la mise en scène reste très secondaire tant j'ai eu du plaisir avec les voix.
La prestation de Nénette, loin d'être parfaite dans le détail, passait vraiment très très bien. Le son reste toujours aussi magnifique, les harmoniques nourries, la pâte de la voix très personnelle et surtout saine. Elle était heureuse sur scène, à l'aise vocalement ; certes parfois elle en faisait un peu trop. Disons que son obsession pour le geste du derviche tourneur devrait être un peu modérée, mais vraiment cela importe peu.

J'ai trouvé les décors kitsch, surtout l'arbre planté au milieu de la scène. Les maisons du village, si on les regarde de près, piquent les yeux. Mais là aussi, cela ne m'a pas géné, car comme le dit Fofo, l'attention est accaparée par le jeu de scène.

J'adhère à cent pour cent à ce qui a été écrit sur la différence des voix entre la captation et ce que l'on entend réellement sur scène depuis la salle.
Certains chanteurs sont indéniablement flattés, d'autres s'en trouvent injustement diminués.
Il est évident que pour tous, à des mesures différentes, la captation renforce l'impression de volume sonore. C'était très évident pour Maestri et même pour Nénette entre l'Opening Night sur écran géant et la représentation du 27. En revanche, le volume de Polenzani était quasi identique.

La captation modifie aussi considérablement la perception du timbre !
Curieusement, cela n'affecte pas celui de Nénette qui reste somptueux dans les deux cas. En revanche, Mariouche est vraiment très flatté par le micro qui lui donne une rondeur, un moelleux qu'il n'a pas du tout en salle. Maestri acquiert des résonances graves en salle que l'on ne perçoit pas aussi bien à la captation. Quant à Polenzani, dont l'émission reste peu orthodoxe tant le placement change, le caractère peu directionnel de son chant est mis en évidence par le micro alors qu'il apparaît beaucoup moins en salle. J'ai d'ailleurs été surpris par la qualité de sa prestation en salle, surtout lors de la représentation du 1er octobre, même si je n'adhère pas nécessairement à l'esthétique de la larme furtive chantée entre le mezzo piano et le pianissimo.

Grand merci pour tous ces commentaires! Ca donne vraiment envie de voir ce spectacle...

Gaston a écrit:Grand merci pour tous ces commentaires! Ca donne vraiment envie de voir ce spectacle...

Oui c'était vraiment bien.
Je l'ai vu trois fois sans m'ennuyer un instant !

Giusto qui va bientôt adhérer au fan club de Nénette !!! ça s'arrose !!!! (d'ailleurs il pleut !)

Babaorome a écrit:Giusto qui va bientôt adhérer au fan club de Nénette !!! ça s'arrose !!!! (d'ailleurs il pleut !)

Babaorome a écrit:Giusto qui va bientôt adhérer au fan club de Nénette !!! ça s'arrose !!!! (d'ailleurs il pleut !)

Giustociel a écrit:

Gaston a écrit:Grand merci pour tous ces commentaires! Ca donne vraiment envie de voir ce spectacle...

Oui c'était vraiment bien.
Je l'ai vu trois fois sans m'ennuyer un instant !

Bah en attendant, je vais quand même pouvoir l'écouter, c'est déjà pas mal...
D'ailleurs, si quelqu'un le veut...

Giustociel a écrit:Je viens de lire les commentaires du programme (mieux vaut tard que jamais).
Le metteur en scène se la raconte vraiment !
Le parti pris qui est de penser qu'une histoire légère ne peut pas être prise comme telle ne me convainc pas du tout. La lecture politique de cette oeuvre me fait doucement rigoler, je ne vois pas franchement ce qui pourrait laisser croire ça. C'est vraiment de la masturbation intellectuelle . Maintenant, tout comme La Follissima, sur scène cela ne m'a pas dérangé, parce que ça ne heurte pas (trop) le livret.

En revanche, je n'ai pas du tout aimé la dégaine de Netrebko (même si elle la portait bien of course). Son costume rouge et blanc jure avec tous les autres tant au point de vue couleur que coupe. Le chapeau est ridicule et ne tient pas sur sa tête, à telle enseigne qu'elle a failli se payer un fou-rire quand elle l'a perdu, et cela juste avant un air...

Ouais ouais, le metteur en scène est un habitué de la masturbation intellectuelle qui ne mène à rien (son Hoffmann comme je l'ai déjà dit était assez savoureux dans le genre).

Après si je me suis permis de le "défendre", c'est parce qu'au moins il a tenté quelque chose qui ne contrariait pas trop le livret et qui était destiné à changer de ce que l'on voit habituellement. C'est totalement prétentieux et on peut tout à fait lui répondre "et alors ?", parce qu'au final cela n'a aucune importance dans l'intrigue de cet opéra et cela reste purement anecdotique... mais bon, au moins il a travaillé et a mérité une petite partie de son exorbitant salaire.

Disons qu'il a tiré à mort sur un concept qui n'avait pas vraiment de limpidité et il en a fait ce qu'il a pu... Ca ne sert à pas grand chose mais c'est toujours mieux que rien.
Et surtout j'ai été énervée de voir cette mise en scène assassinée alors qu'elle est finalement inoffensive (à tous les sens du terme) et de voir encenser les décors et le cast du Trouvère.

Par ailleurs je ne suis pas convaincue non plus par le fait qu'une comédie ne puisse être une comédie sans du drame à côté mais c'est un autre problème.

Sur les costumes et en particulier celui d'Adina, comment dire ? C'est Carmen qu'on nous sort. Mais quand on voit le freaks qui s'en est chargé (merci les interviews d'entracte) on comprend mieux. Encore une fois le seul avantage que je peux lui trouver c'est de pouvoir repérer le personnage principal très facilement du fond du MET compte tenu de la taille de la salle...