MacBeth - Opéra de Lille - 21 mai 2011

MacBeth: Dimitris Tiliakos
Lady: Susan MacLean
Macduff: David Lomeli
Banco: Dimitry Ivashenko
Malcolm: Bruno Ribeiro
Les suivantes de Lady MacBeth: Miriam Murphy et Julie Pasturaud
Médecin, Serviteur, Héraut: Patrich Schramm
Assassin: Vincent Vantyghem
Les apparitions: Jérôme Savelon, Irène Candelier, Isabelle Rozier

Choeur de l'Opéra de Lille
Orchestre National de Lille
Roberto Rizzi Brignoli

Mise en scène: Richard Jones
Scénographie et costumes: Ultz

La représentation commence très fort avec la 1ère image, sur le prélude: une cour intérieure crénelée, en parpaings jointoyés de bleu avec une sorte d'abri de jardin (qui servira d'appartement à Duncan) accolé au mur côté cour. Trois portes grises à jardin.
Au milieu gît la Lady, morte, et son époux est planté là, les mains en sang, avant dêtre poursuivi par des hommes armés de haches. D'ailleurs, il est à signaler qu'on ne connait manifestement que la hache, comme arme, en Ecosse...
Maintenant qu'on a vu la fin, le spectacle peut commencer... Ce sera un festival!
Quelques exemples:
Les sorcières vivent sur une sorte de terrain vague, dans 3 caravanes. En fait de sorcières, on verra des émigrées d'un pays de l'Est, des chômeurs (ou... je sais pas quoi, en fait! Disons l'équivalent écossais de nos baraquis wallons) et des prostituées...
Oui, la mise en scène fait dans le constat social...
La scène des apparitions, vécue comme un rêve de MacBeth lors de son évanouissement de la fin du II, se déroule autour d'une vieille cuisinière à gaz sur laquelle on préparera une mixture à base de dents arrachées, cheveux coupés,... et d'où sortiront aussi les forces infernales (squelettes d'Halloween, momies et loups-garous façon Michael Landon dans I'm a teenage werewolf)...
Banco se fait assassiner dans un sous-sol qui pourrait être le local à poubelles du palais par des sicaires assez croquignolets: un groupe de balayeurs ou éboueurs ou un truc dans le genre, un autre groupe de pseudo-barbares chevelus et tatoués kiltés de ce qui pourrait être de vieilles serpillères...
Le somnambulisme de la Lady la mènera à la lingerie où, prise de tocs, elle passera tout l'air à faire des allers et retours entre la machine à laver et un tas de gants blancs qu'il faut absolument laver du sang qui les souille avant de se suicider en se mettant la tête dans un sac à poubelles...
Je pourrais vous donner une foultitude d'autres détails, mais j'ai peur de lasser votre patience... Et puis surtout, je n'en n'ai pas le courage!

A suivre...

Suite, donc:
Disons simplement et pour résumer que, sous prétexte d'actualisation et d'humour corrosif, Richard Jones ne réussit qu'un plaquage d'images certes drôles, mais souvent ridicules et qui enlèvent une bonne partie de son impact au drame (en ce qui me concerne, en tous cas...).
On notera toutefois une direction d'acteurs classique mais efficace dans les rapports domination/soumission du couple infernal, et d'une façon générale chacun tient bien son rang (ce qui relève de l'exploit vu le contexte).
Et si les décors étaient moches, ils rendaient efficacement la sensation d'étouffement et d'enfermement qui me semble bien correspondre à la majeure partie de l'oeuvre...

Au niveau des costumes: tous les hommes en kilt, les couleurs symbolisant les différents clans, avec chemises et cravattes, grandes chaussettes et bottines façon Caterpillar... Ma-gni-fique!
Les dames ont droit à des robes ou jupes en tissu écossais, avec parfois un petit gilet vert...
On notera aussi, avec un intérêt non dissimulé, que les MacBeth sont assortis à leur tapisserie...
Et avec ça, pauvres chanteurs, débrouillez-vous pour donner de la grandeur, de la contenance et, le cas échéant, de la noirceur à vos personnages!

Le rôle de Lady MacBeth mène Susan Maclean aux limites de ses pourtant importants moyens de mezzo. Extrême aigu aléatoire, surtout dans son entrée et la cabalette qui suit. Mais medium et grave très beaux, splendides couleurs (surtout dans La luce langue et un somnambulisme sans contre-ré mais ça ne m'a pas manqué ici). Surtout, elle se donne à fond, sans peur si pas totalement sans reproches, à tout moment... Ce n'est en rien de sa faute si la mise en scène et les costumes ôtent à cette reine une partie son impact. Eklle habite toutefois le personnage qu'on lui fait jouer de façon magistrale, totalement convaincante, et se taille d'ailleurs un joli succès au rideau final.

Tout juste pourrais-je reprocher au MacBeth de Tiliakos une élocution un peu boueuse parfois, et une petite difficulté à se faire entendre sur les forte d'un très bel orchestre. Pour le reste, il expose les tourments de son Cawdor d'une belle voix assez sombre, avec une foule de belles nuances et quelques colorations intéressantes.Et l'acteur est assez convainquant dans la veulerie et le côté pitoyable du roi.

En Macduff, très beau ténor de David Lomeli. Voix claire et brillante, bien placée, aigu rayonnant jamais agressif et belle puissance. Une voix qui semble assez facile, en fait, et c'est agréable à entendre. Avec ça, un sens appréciable de la nuance et du contraste, de l'émotion... A suivre...

Banco solide, classique et efficace de Dimitry Ivashenko.

Et citons, parmi les comprimarii, le Malcolm de Bruno Ribeiro pour son beau ténor capable de rivaliser en puissance avec Malcolm.

Enfin et pour finir, le triomphateur de la soirée: Roberto Rizzi Brignoli. Attentif aux chanteurs, qu'il sait assez bien mettre en valeur, il tire aussi le meilleur d'un excellent orchestre. De très belles couleurs, des contrastes saisissants, une lecture engagée de la partition, c'est lui qui au final m'aura donné le petit frisson que j'attends à l'opéra...

Au final, donc: une bonne soirée à Lille, en dépit de la mise en scène...

Merci pour ce cr!!! J'ai adore les détails sur la mise en scène !!!
Mais la photo que tu avais déjà postée etait déjà prometteuse.

Merci pour le CR. On rage un peu tout de même quand la mise en scène nuit à l'oeuvre, ce n'est pas toujours facile pour les chanteurs de rattraper le coup, et pour le spectateur quelquefois ça mobilise trop l'attention...sans tomber dans le trop "ordinaire" il est bon quelquefois d'avoir des mises en scène un peu "discrètes"...

Des mises en scène, en tous cas, qui amènent autre chose que des images soi-disant choc...
C'est pour ça que j'aime tant l'Opéra de Liège: à ce nivea-là, c'est reposant...

La follissima a écrit:Merci pour ce cr!!! J'ai adore les détails sur la mise en scène !!!
Mais la photo que tu avais déjà postée etait déjà prometteuse.

My pleasure!

Marki pour le cr. T'as vu Martine ? Ah mais non, je suis c**, elle était au foot...

Giustociel a écrit:Marki pour le cr. T'as vu Martine ? Ah mais non, je suis c**, elle était au foot...

Oui, nous devions nous voir mais nous avons reporté. Accorder les agendas, c'est toujours un casse-tête, tu sais ce que c'est...
Sinon, c'est vrai que c'était sympa la marée humaine, en sortant de l'opéra. Ambiance et cotillons...

Gaston a écrit:

Giustociel a écrit:Marki pour le cr. T'as vu Martine ? Ah mais non, je suis c**, elle était au foot...

Oui, nous devions nous voir mais nous avons reporté. Accorder les agendas, c'est toujours un casse-tête, tu sais ce que c'est...
Sinon, c'est vrai que c'était sympa la marée humaine, en sortant de l'opéra. Ambiance et cotillons...